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Les trésors d’Adalgisa

Histoire de chasseuse de trésors

Hommage biographique à Adalgisa
Photos réalisées dans son ancienne maison familiale, avec Mila

Merci à Didier de m’avoir fait confiance en me livrant ses trésors et cette belle histoire…

Amateurs de trésors et de belles histoires, je vous propose aujourd’hui de rendre hommage à une personne haute en couleur : Adalgisa.

Je n’ai rencontré cette femme qu’à travers les mots de son petit fils, Didier. Suite à une rencontre orchestrée par le hasard, il m’a ouvert les portes de leur maison familiale afin que je puisse y chasser des trésors. C’est en découvrant la demeure et ce qu’elle renfermait que j’ai eu envie de rendre un hommage à sa défunte propriétaire, sa grand-mère, cette mère Lionne. L’idée ayant plu à Didier, je suis donc revenue sur les lieux afin de réaliser un shooting avec Mila. Entre émotion et créativité, nous avons mis en scène les vêtements d’Adalgisa…

Cette Nona Italienne a cultivé sa lucidité jusqu’à la fin de ses jours : elle dévorait les livres comme elle voulait que l’on dévore les plats qu’elle préparait. Cuisinière généreuse, elle aimait faire plaisir à Didier en lui préparant de la blanquette de veau. Cependant elle gardait précieusement sa recette de spaghetti, qu’elle réservait exclusivement à sa moitié, Gino.

C’est avec lui que sa vie est devenue une aventure. L’aventure du mariage, l’aventure de la famille, l’aventure de la vie, tout simplement. Mais toute aventure a son lot de difficultés…  Un soir de 1943, le couple se dirige vers un cinéma lyonnais pour y passer la soirée. En sortant de leur séance, des officiers procèdent à un contrôle : à cette époque, Lyon est sous la coupe de l’Allemagne Nazie. Gino fait partie de la résistance… Le couple est alors séparé pour être déporté dans des camps de travail en Pologne. Malgré l’horreur du camp, Adalgisa reste une Lionne courageuse et au grand coeur : elle garde une partie de ses rations pour pouvoir nourrir les hommes, qui subissent un travail forcé éreintant…



Elle fabrique des pièces d’avion dans une usine cachée au milieu de la forêt. Mais pas question pour elle de rentrer dans le rang : elle cultive son caractère bien tranché en sabotant son travail. Elle est ensuite envoyée à Berlin, puis dans une grotte dans laquelle elle participe à nouveau à une chaîne de travail. C’est dans ce nouveau lieu que son attention est attirée par un homme, un homme qui lui était familier, un homme dont elle avait été séparée, son homme. Gino.

Le destin les avait réunis, encore une fois : si ça n’avait pas été écrit, je ne pourrais le faire à mon tour aujourd’hui. Leur complicité retrouvée, ils échafaudent un plan pour s’évader. Tels deux hors la loi motivés par la liberté dont ils commençaient à en oublier le goût, ils trouvent refuge chez un boulanger allemand. Ils les cachent dans un ancien four à pain, dans lequel ils vont rester 15 jours sans presque rien manger… Mais heureusement pour eux, la vie a choisi de leur sourire. La fin de la guerre sonne et des Américains viennent leur rendre leur liberté au terme de cette terrible quinzaine.



Est-ce cette aventure ardue qui lui donna un caractère bien trempé ? Ou est-ce ce caractère qui lui offrit une fin heureuse, bien que non dépourvue de séquelles ? Allez savoir…

Le 16 août 1945, ils rentrent à Lyon et reprennent le cours de leurs vies : Gino et le frère d’Adalgisa travaillent ensemble dans leur chaudronnerie. Elle, s’occupe du secrétariat et de la comptabilité, mais également de sa famille et la couvre d’un amour bien à elle : un amour dur mais que l’on sait sincère. Elle s’occupe du rosier majestueux, un rosier grimpant Pierre de Ronsart, que l’on peut encore voir devant sa maison à Tassin La Demi Lune. Au printemps, l’odeur des fleurs parfume toute personne qui franchit le portail.

Ceux à qui elle ne laissait pas le droit de le franchir, c’était bien les prospecteurs. Lorsque l’un d’eux venait se présenter pour racheter des tableaux ou objets anciens, elle se contentait de leur répondre qu’ici, le seul vieux tableau qu’il restait, c’était elle.
Ceux qui prospectaient par téléphone et réclamaient Gino, se voyaient répondre qu’ils pouvaient directement aller lui faire des confidences au cimetière de Tassin…

Elle sème des souvenirs partout où on lui en donne l’occasion. Jusque dans la mémoire de son médecin, à qui elle tient tête : « inutile de me faire soigner, cette année je ne me présenterai pas au concours Miss France ».

Elle laisse derrière elle des souvenirs de feu, et même sans l’avoir jamais rencontrée, j’ai la sensation de percevoir ce qu’elle pouvait dégager.

Elle a également laissé des souvenirs et des bonnes ondes dans chaque trésor que j’ai pu chiner chez elle : à vous maintenant de les faire renaître et de rendre hommage à cette femme qui aura eu une vie pleine d’aventures…

Merci d’avoir lu jusqu’au bout, et d’avoir rendu hommage à Adalgisa…